Il était une fois, le 8 décembre
L’origine de la Fête des Lumières remonte à il y a plus d’un siècle et demi. Le 8 septembre 1852, une statue de la Vierge sur la colline de Fourvière devait être inaugurée.
Mais de violentes intempéries s’abattent sur la ville, et les autorités doivent renoncer à leur projet. L’événement est alors reporté au 8 décembre de cette même année.
Las, ce jour-là, le beau temps n’est pas au rendez-vous et il est à nouveau envisagé de reporter les festivités. Mais les Lyonnais, désireux de vivre un moment de communion populaire, illuminent alors leurs balcons et fenêtres avec des lumignons.
À partir des années 1960, les concours d’illuminations de vitrines déclinent cette tradition de mise en lumière sous une forme nouvelle. Ils donnent alors le coup d’envoi des festivités de fin d’année et animent les célébrations religieuses du 8 décembre. La Fête des Lumières, telle que nous la connaissons aujourd’hui en tant qu’événement incontournable de mise en valeur de la création Lumière, a vu le jour au tout début des années 2000.
LES CRÉATIONS 2021
Découvrez en Avant-première, en cadeau ici pour Vous, quelques-unes des participations à la Fête des Lumières !
Une vague géante sur la place Bellecour, des ondes de ricochets à la surface du lac du Parc de la Tête d’Or, des nids de lumière dans des sous-bois, un immense serpent surgi des profondeurs, un phénix coloré dans une jungle tropicale, des carpes qui dansent, un cheminement lumineux courant sur la cime des arbres, un lapin altruiste dans un conte aztèque, un jardin floral tout en lumières…
L’évocation de la nature est omniprésente parmi les œuvres de cette nouvelle édition de la Fête des Lumières. Ces représentations d’une nature tour à tour puissante ou fragile, sauvage ou domestiquée, mythique ou bien réelle, participent à créer une atmosphère paisible et poétique, propice à la contemplation, à la respiration, à la rêverie.
D’autres créations viennent interroger notre perception du monde à travers des installations qui jouent sur la singularité des points de vue et la frontière parfois ténue entre réel et imaginaire.
La pandémie de Covid-19 a également inspiré les artistes qui ont conçu des œuvres évoquant le confinement, mais aussi les relations et échanges virtuels qui se sont noués au cours de cette période.
La programmation mêle objets lumineux, scénographies, performances, mapping vidéo, des plus intimistes aux plus spectaculaires, réalisés par des architectes, des plasticiens, des vidéastes, des éclairagistes, ou encore un vannier !
Les artistes reconnus au plan international côtoient les jeunes talents, en pleine émergence. Certains d’entre eux font leur première apparition à la Fête des Lumières, tandis que d’autres en ont déjà fait leur terrain d’expression à plusieurs reprises.
La Fête des Lumières 2021 reflète une fois encore toute la diversité et la richesse de la création lumière
La Vague
Sébastien Lefèvre (lumière) et Jocelyn Mienniel (musique)
Le Pilote Productions / Un projet parrainé par SONEPAR – Le Mat Electrique
À la nuit tombée, des centaines d’écailles s’élèvent sur la place Bellecour, ondulant sous le souffle d’une brise légère. Telle une vague, l’onde surgit du sol, flottant dans un camaïeu de teintes lumineuses
Cette structure de 80 mètres de long, et haute de 20 mètres, est composée de plus de 350 kakémonos en toile de spi. Contemplant cette grande vague, bercés par le son mélodieux d’une flûte, les visiteurs se laissent transporter dans une parenthèse poétique.
Continuité d’un travail de mise en lumière de voiles aux vents, La Vague constitue le 3e opus d’un processus créatif engagé par Sébastien Lefèvre pour la Fête des Lumières, après Oriflammes en 2012 sur le pont Lafayette et Sous le vent, sur le pont Schuman en 2014.
Sébastien Lefèvre fait son entrée en «lumière» grâce à la danse, notamment aux côtés de la chorégraphe Maryse Delente dont il signe plus d’une dizaine de conceptions lumière jusqu’en 2003.
Très attaché à cet univers, il poursuit son travail de scénographie pour le théâtre et la danse et se lance notamment dès 2004 dans la création pour la Fête des Lumières de Lyon, à laquelle il participera à de nombreuses reprises. Les œuvres de ce créateur prolixe ont également été présentées à Moscou et à Dubaï.
Le Lapin dans la Lune
Renato González-Gutierrez et Sarah Matry-Guerre
Équipe artistique : Sarah Matry-Guerre, Moises Regla Demarée, Gaston Artigas
Le Pilote Productions / Un projet parrainé par EDF
Surgi du cosmos, le dieu serpent à plumes Quetzalcóalt arrive sur Terre, revêtu d’une apparence humaine
Affamé et affaibli après son exploration, il rencontre un lapin, qui se sacrifie pour qu’il puisse se nourrir. Reconnaissant, Quetzalcóalt fait don au lapin d’une place éternelle dans la lune pour que les hommes puissent l’admirer et se souvenir de son sacrifice et de sa bonté, redonnant espoir à l’humanité. Depuis, chaque soir au clair de lune, le lapin apparaît sur la surface de l’astre de la nuit.
Cette parabole, conçue comme un véritable conte, enseigne l’importance de la solidarité et de l’altruisme et exalte l’empathie et la compassion entre les individus, les pays et les cultures.
La transposition graphique de ce conte aztèque sur les façades de la place des Terreaux s’inspire des illustrations très colorées des communautés traditionnelles.
Renato González -Gutierrez est un artiste mexicain qui poursuit une carrière artistique dans le spectacle et les arts visuels depuis 2004.
Il a réalisé et participé à différents projets d’art numérique, de vidéo danse, collaborations interdisciplinaires, installations vidéo, vidéo mapping en 3D et animation numérique.
Frame Perspective
Olivier Ratsi (concept & direction artistique) et Thomas Vaquié (design sonore)
Production : Crossed Lab
Suspendus au dessus du bassin de la place de la République, 56 cadres lumineux placés en deux rangées se succèdent, formes géométriques alignées et démultipliées
Leur perspective est soulignée par une composition lumineuse organique, évoquant une respiration ou une vague. Cette représentation matérielle et physique d’une sémantique graphique virtuelle joue avec la perception du public. Chacun, selon son point de vue, a sa propre vision de l’œuvre dans son ensemble.
Par son échelle et son rythme, Frame Perspective crée un rapport physique avec le spectateur puis l’implique dans une temporalité propre.
Cette œuvre est issue de la série Ecylose, initiée en 2012 par Olivier Ratsi, et traitant de la perception de l’espace.
Artiste plasticien français de renommée internationale, Olivier Ratsi travaille sur la déconstruction des repères spatio-temporels. Ses œuvres amènent le spectateur à se questionner sur sa propre interprétation du réel. Cofondateur et ancien membre du collectif d’artistes AntiVJ, Olivier Ratsi travaille désormais en solo.
Il a exposé dans des galeries, musées et festivals du monde entier (Paris, Tokyo, Hong Kong, Madrid, Pittsburgh, Shanghai, Séoul, Taichung).
Frame Perspective a été exposée en 2021 à la Gaîté Lyrique dans le cadre de l’exposition Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière, dédiée à son travail.
Synergetics
LTBL (Benjamin Petit et Marion Roche)
Les lignes et triangles de néons d’un dôme
géodésique de 8 mètres de diamètre sont parcourus
par des flux lumineux.
Ils représentent les connexions et communications numériques mises en place à travers le monde pendant le confinement. Cette chorégraphie lumineuse a été générée à partir des données de téléchargement d’applications de visioconférence.
Symbole d’interrelation, de réseau, solidaire et autonome à la fois, cette architecture repose sur une structure au sein de laquelle la tenue de l’ensemble est assurée par la solidité des éléments entre eux.
Pour ses créateurs, cette œuvre contemplative constitue une allégorie de ce que pourrait être un nouveau modèle social basé sur une coopération créative de tous les individus où le collectif prime sur l’individuel.
Studio créatif, LTBL – Let There Be Light – opère depuis 2012 sur le territoire lyonnais, spécialisé dans la conception et le développement d’installations digitales interactives pour les domaines de l’exposition, des showrooms, de la muséographie, de l’événementiel et du spectacle vivant.
L’équipe a participé plusieurs fois aux éditions précédentes de la Fête des Lumières, sous le nom de Beam’Art jusqu’en 2015 puis LTBL.
[AB] géométrie variable
Caty Olive / La BF15 / Production : Manifesto
De fines perches de lumière de taille identique sont insérées à la base de la ramure des arbres.
Depuis le quai Romain Rolland, l’installation offre l’expérience immersive d’une traversée sous les lignes incandescentes posées sur les branches.
Depuis la rive gauche de la Saône, ce sillage lumineux des arbres offre une vue panoramique qui s’étire, telle une partition rythmée
par les ondulations lumineuses.
Diplômée en scénographie à l’ENSAD de Paris, Caty Olive réalise des espaces lumineux. Partageant ses activités entre l’architecture, les expositions, les installations visuelles, les spectacles musicaux ou chorégraphiques, les opéras et l’enseignement, Caty Olive collabore à des projets chorégraphiques et performatifs de la scène contemporaine et a travaillé avec de nombreux artistes, et plus particulièrement avec Christian Rizzo. Le fil conducteur de ses créations repose sur son intérêt pour l’instabilité et les altérations de la lumière.
Cette œuvre entrera en dialogue avec une composition sonore réalisée par l’artiste Nosfell, avec le soutien du Grame. Chanteur et musicien Nosfell utilise pour une majeure partie de son répertoire: le klokobetz, une langue inconnue qui définit son univers poétique personnel.
Phénix
Julien Menzel / Son : Damien Reynaud / Production : Number8
Un phénix de néons vibre de multiples couleurs vives et changeantes, évoquant les magnifiques plumages d’oiseaux tropicaux
Cet animal mythique symbolise l’espoir et la renaissance, à l’instar de certaines espèces menacées qui peinent à se redévelopper. L’ambiance sonore, composée de chants d’oiseaux enregistrés en Guyane transporte le visiteur du centre-ville au cœur d’une forêt tropicale.
Artiste lyonnais, franco-allemand, travaillant la lumière, le pixel et la cinétique, Julien Menzel est architecte de formation.
Son travail s’exprime par des installations, lumineuses et interactives, de mapping et d’art optique. Il appartient à un collectif lyonnais, NUMBER8, avec lequel il a produit le Stégosaure Gustave de «Jurassic Spark» présenté à la Fête des Lumières en 2016.
Visions
Luminariste : Benjamin Nesme (Concepteur lumière) et Marc Sicard (Conception graphique)
Production : GL Events
A la manière des peintres symbolistes du XIXe siècle, le dessin de lumière projeté sur les façades figure une faune et une flore fantasmagoriques qui dialoguent avec les symboles des monuments de ce quartier historique
Pour concevoir ce tableau, les dessins ont été réalisés manuellement sur des diapositives en verre, dans un atelier de création de vitraux. Quant au matériel de projection, il s’agit de projecteurs PIGI fonctionnant sur le principe de l’appareil photo argentique, à rebours de la course technologique des créations numériques actuelles.
A la tête de Luminariste, Benjamin Nesme crée les lumières et/ou la vidéo pour le spectacle et l’architecture. Pour la conception de Visions, il a collaboré avec Marc Sicard, illustrateur et designer, qui a réalisé le dessin, et Jean Mône, Maître Verrier à l’Atelier Vitrail Saint-Georges
Vortex-1
LIGHTLAB CREATIVE (conception lumière) et YO (conception musique) / Production : Lightlab Creative
Surgis de l’obscurité, des anneaux lumineux se forment. Tout d’abord unis, ils tournoient à différentes allures, scannant l’espace et créant un champ de force autour d’eux.
Au fur et à mesure, de petits déséquilibres s’accumulent et les mouvements lumineux et sonores se décorrèlent.
LightLab Creative réunit de jeunes designers lumières rassemblés sous l’impulsion d’Alexandre Lebrun, designer et directeur de la photographie
depuis plus de 20 ans. Partageant cette passion du dessin de la lumière, Charlotte Galabru, Aurélie Nedjar et Antoine Pintout, accompagnés de Eve
Ottino, conçoivent des espaces et des expériences qui jouent sur notre perception de la lumière.
PARC DE LA TÊTE D’OR
Pour la première fois, le Parc de la Tête d’Or, havre de tranquillité et de verdure au cœur de la ville, accueille trois œuvres qui rendent hommage à la nature et aux éléments, à découvrir au fil d’une paisible balade dans la pénombre
La Rivière
Cédric Le Borgne / Production : Skynight / Projet financé par la Compagnie Nationale du Rhône
À l’orée arborée des berges du Rhône, la vie du fleuve s’invite hors de l’eau.
Les visiteurs sont accompagnés dans leur cheminement vers le Parc de la Tête d’Or par de grandes carpes nageant paisiblement au-dessus de leur tête. Les poissons, lumineux et translucides, s’animent au rythme des reflets argentés de leurs écailles. Leur présence crée un rapport à la fois intimiste et majestueux.
Né en 1972 à Paris, Cédric le Borgne vit et travaille à Toulouse. Cet artiste de dimension internationale développe un travail tant politique qu’introspectif, sous forme d’installations et de performances. Il cherche dans ses travaux à explorer l’âme humaine jusque dans ses derniers retranchements. Il sublime la ville, la transcende dans une recherche qui n’est pas seulement esthétique ou sensitive, mais sociale et politique : elle est le territoire du «vivre ensemble»
La créature du lac
Nicolas Paolozzi / Création sonore : Baptiste Martineau / Production : Module
Hydra est une créature mythique vivant dans le lac du parc depuis des millénaires.
Tel un gigantesque serpent de mer, il sort la nuit venue pour déambuler parmi les visiteurs, son corps évoluant en torsion au milieu d’un champ de fleurs de lotus, symboles de douceur de l’âme et de mansuétude. Cet esprit protecteur veille avec bienveillance sur la faune et la flore du parc.
Le corps de la créature est traversé d’une douce énergie lumineuse, et ses murmures sont enveloppés dans une atmosphère sonore apaisante.
Sa taille engendre un changement d’échelle avec le public, suggérant une sensation d’humilité.
Cette installation contemplative invite à méditer sur la relation entre Homme et Nature.
Artiste plasticien et architecte, Nicolas Paolozzi conçoit des installations artistiques depuis 2011 avec le Collectif RDV, dont il est cofondateur.
Rassemblant des compétences venant d’horizons différents, celui-ci a évolué vers une pratique transversale de l’architecture, explorant les possibilités offertes par l’image et le son au travers de nombreux projets : scénographie, expositions, performances, microarchitectures éphémères.
Depuis 2017, il développe la notion d’architecture à grande échelle. Considérant l’espace comme un ensemble d’interactions, il conçoit des structures hybrides oscillant entre matériaux tangibles et intangibles offrant au spectateur une expérience immersive et singulière de l’espace.
Vegetal’lum
Erik Barray / Équipe artistique : Raphaël de la Espriella, Richard le Guezennec, Franck Longueville.
Production : Atelier Erik Barray / Projet financé par AG2R la Mondiale
Douces ponctuations dans l’obscurité, d’insolites et poétiques objets lumineux en vannerie composent une scénographie végétale qui crée un univers féérique au sein du parc tout en valorisant son patrimoine naturel
Dans sa déambulation, le visiteur croise des nids lumineux installés au creux des arbres, éclairant subtilement les sous bois. D’improbables plantes phosphorescentes sont nonchalamment suspendues au-dessus de l’eau du lac ou ornent la pelouse. À portée de son regard, d’étranges essaims, de délicates lucioles et d’éphémères papillons nocturnes illuminent le kiosque.
Formé à l’art de la vannerie à l’école de Fayl Billot, Erik Barray fonde en 1978, un atelier dédié au travail du tressage dans l’espace public.
Ce sculpteur végétal joue sur les paysages et crée des installations spectaculaires, proches du land art. En 1993, la marque Louis Vuitton lui confie la décoration de ses 150 boutiques.
En 2018, après une résidence avec les indiens Quichuas, l’éco-designer détourne matériaux et techniques traditionnelles d’Équateur pour la création de Nido de Luz à la Fiesta de la Luz de Quito. Cette œuvre a inspiré Lucioles et Lianes présentée dans le cadre de l’édition 2019 de la Fête des Lumières.
Ricochets
Jérôme Donna, Direction de l’Eclairage Urbain de la Ville de Lyon (DEU)
Le calme du lac du Parc de la Tête d’Or est soudainement troublé par l’apparition d’ondes lumineuses, de lignes de ricochets majestueuses qui se forment sur sa surface
Seraient-ce d’hypothétiques éléments tombés du ciel, comme des gouttes qui irradient le lac, ou plutôt, des créatures subaquatiques qui participeraient également à cet étrange phénomène ?
Ces ondes flottantes brillent, circulent et viennent envahir l’espace, venant surprendre les spectateurs.
Les vibrations lumineuses se déploient avec ampleur, allant s’élever jusqu’à la cime des grands arbres de la rive opposée, laissant surgir de l’obscurité la nature riche et imposante du parc.
Après un diplôme d’architecte d’intérieur à l’ESAIL, Jérôme Donna explore la lumière urbaine sous toutes ses formes. D’abord chargé de projets pour Les Éclairagistes Associés (LEA), il poursuit son parcours comme éclairagiste et artiste lumière à la Direction de l’Éclairage Urbain de la Ville de Lyon. À ce titre, depuis 2004, Jérôme Donna défriche de nouveaux lieux pour la Fête des Lumières. Pour chaque édition, il crée et conçoit une œuvre qu’il réalise avec d’autres passionnés de son équipe