LUMIERE 2020 : A BOUT DE SOUFFLE

Lumière accueille cette année une grande partie de la section Cannes Classics, la sélection de films restaurés du Festival de Cannes.

Les 20 ans de  In the Mood for Love de Wong Kar-wai, les 60 ans d’À bout de souffle et de L’avventura, des grands auteurs (Federico Fellini, Pier Paolo Pasolini), des redécouvertes des éditions de Cannes des décennies 60, 70 et 80,  le premier film de Melvin Van Peebles  et d’autres trésors du cinéma à revoir  ou à découvrir.

À Marseille, Michel Poiccard (Jean-Paul Belmondo) vole une voiture américaine : direction Paris. Sur la route, il est bientôt pris en chasse par un motard. Paniqué, Michel l’abat et s’enfuit. Le lendemain, à Paris, il rencontre une jeune Américaine, Patricia (Jean Seberg), avec laquelle il a une liaison.

En partant d’un scénario écrit par François Truffaut, Godard compose un film semi-improvisé, bardé de références au cinéma américain et formellement insolent. Le noir & blanc rugueux de Raoul Coutard souligne une course en avant, mêlée de crimes et d’histoires d’amour.

Lauréat du prix Jean Vigo 1960, le film connaît un succès immédiat qui élève Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg et Jean-Luc Godard au rang d’icônes.

« À bout de souffle nous révèle un incontestable, un très grand talent. Jean-Luc Godard, qui n’a pas trente ans est une « bête de cinéma ». Il a le film dans la peau. […] Sur le plan technique, aucun moins-de-trente-ans n’avait encore récemment jeté bas avec une telle maestria les vieux échafaudages. Godard a flanqué au feu toutes les grammaires du cinéma et autres syntaxes du film. » (Georges Sadoul, Les Lettres françaises, 31 mars 1960)

Réinvention du cinéma, montage neuf, explosion de tous les principes, désinvolture absolue… À bout de souffle est un éclair radical dans le cinéma français. À la fin des années 50, ce film marque le début de la « modernité », de la Nouvelle Vague, de la légende Godard.

Cette œuvre est aussi une plongée intimiste, presque documentaire, entre polar et nihilisme, dans un Paris romantique.

« Godard a été le plus grand dynamiteur des structures anciennes. Son œuvre incandescente est une gerbe de fusées contre le cinéma desséché des temps morts. Cette écriture d’un modernisme triomphant et narcissique, ne cesse de signifier le moment premier du cinéma qui s’invente. Elle signale à chaque instant, dans chacun de ses procédés, que le film est une entreprise intense ». (Jean-Claude Bonnet, Cinématographe n°37, avril 1978)

À bout de souffle France, 1960, 1h29, noir et blanc, format 1.33

Réalisation, scénario et dialogues Jean-Luc Godard d’après un scénario original de François Truffaut

Photo Raoul Coutard

Musique Martial Solal, Wolfgang Amadeus Mozart

Montage Cécile Decugis

Production Georges de Beauregard, Société Nouvelle de Cinématographie, Imperia Films

Interprètes Jean-Paul Belmondo (Michel Poiccard), Jean Seberg (Patricia Franchini), Henri-Jacques Huet (Antonio Berutti), Daniel Boulanger (l’inspecteur Vital), Roger Hanin (Carl Zombach), Jean-Pierre Melville (l’écrivain Parvulesco), Van Doude (le journaliste américain), Michel Fabre (l’adjoint de l’inspecteur Vital), Richard Balducci (Luis Tomatchoff), Claude Mansard (Claudius Mansart), Liliane David (Liliane)

Sortie en France 16 mars 1960

Présentation à la Berlinale juin 1960

LUMIERE 2020 – DEUX JOURS, UNE NUIT

Vendredi. Sommés par leur patron de choisir entre leur prime de fin d’année et le maintien du poste de Sandra (Marion Cotillard), les seize collègues de la jeune femme ont tous choisi leur prime

Sandra, motivée par son mari Manu (Fabrizio Rongione), convainc son patron d’attendre lundi pour faire à nouveau voter l’équipe. Elle a un week-end pour persuader ses collègues de la laisser garder son emploi

Dans son très beau livre, Sur l’affaire humaine (Seuil), Luc Dardenne écrit :

« Comment sortir de la peur de mourir sans tuer ? Voilà l’affaire humaine. »

Tous les films des frères racontent cette affaire humaine et tous, celui-ci plus encore que les précédents, répondent comme Luc :

« Devenir vivant et s’aimer, s’aimer soi-même et aimer l’autre, c’est-à-dire s’aimer comme séparés. Voilà le dénouement possible de l’affaire humaine. » (Jean-Dominique Nuttens, Positif n°639, mai 2014)

Né de la lecture de la nouvelle Le Désarroi du délégué, issue de La Misère du monde de Pierre Bourdieu, et de nombreux articles dans la presse internationale, Deux jours, une nuit est un portrait de femme en temps de crise, et celui, en creux, d’une société qui met les siens en concurrence – une concurrence d’une rare violence.

Marion Cotillard, nouvelle venue dans le cinéma des frères Dardenne, campe Sandra. Sortant de dépression, absente de son entreprise, elle est battue d’avance. Elle est exclue car perçue comme « non-performante ». Portée par un mari aimant (Fabrizio Rongione, un fidèle de la tribu des cinéastes), Sandra décide de se battre. Et comme partie en campagne électorale pour elle-même, elle fait du porte-à-porte

Rencontrant ses collègues un à un, elle leur répète les mêmes mots, avance les mêmes arguments. Mais chaque rencontre est différente : les regards, le décor, la réponse. Car il n’y a ni bons, ni méchants, seulement des humains qui ont tous une bonne raison de faire leur choix

Rencontre entre recherche d’un réalisme brutal et écriture dramatique ciselée, Deux jours, une nuit ajoute la notion de suspense à l’œuvre des Dardenne, sans jamais trahir leur engagement, toujours extrêmement fort, pour leur sujet.

« Il y a cette force supérieure qui anime depuis toujours les Dardenne, une forme d’empathie dans le regard, une expérience du monde qui fait qu’aucune scène, même la plus mélodramatique, ne paraîtra jamais fabriquée ou artificielle. Appelons cela le cœur intelligent. » (Romain Blondeau, Les Inrockuptibles, 21 mai 2014)

Deux jours, une nuit Belgique, France, Italie, 2014, 1h35, couleurs, format 1.85

Réalisation & scénario Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne

Photo Alain Marcoen

Montage Marie-Hélène Dozo

Musique Petula Clark, Van Morrison, The Cousins, Olibwoy

Décors Igor Gabriel

Costumes Maïra Ramedhan-Levi

Production Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Denis Freyd, Les Films du Fleuve, Archipel 35, Bim Distribuzione, Eyeworks Film & TV Drama, France 2 Cinéma, RTBF, Belgacom

Interprètes Marion Cotillard (Sandra), Fabrizio Rongione (Manu), Catherine Salée (Juliette), Baptiste Sornin (M. Dumont), Pili Groyne (Estelle), Simon Caudry (Maxime), Alain Eloy (Willy), Lara Persain (la femme de Willy), Myriem Akheddiou (Mireille)

Présentation au Festival de Cannes 20 mai 2014

Sortie en Belgique 21 mai 2014

Sortie en France 21 mai 2014

LUMIERE & L’INSERTION PROFESSIONNELLE

Le festival Lumière participe à l’insertion professionnelle des réfugiés et des personnes en situation de précarité

Le festival Lumière, en lien avec la Préfecture du Rhône et, aujourd’hui, la Préfecture de Région, organise une opération, dans le cadre de la quinzaine de l’intégration, visant à permettre aux personnes réfugiées, de se rapprocher de l’emploi depuis 2012.

Le principe est de proposer à des personnes accompagnées par des structures d’insertion d’être intégrées aux équipes de bénévoles durant le festival de cinéma Lumière. Cette action a, depuis quelques années, favorisé la diversité de la participation des citoyens à l’organisation du festival, la mise en œuvre de compétences spécifiques dans le cadre de parcours d’insertion professionnelle, la création de liens et la valorisation des personnes et de leur place sur le territoire qui les accueille et où elles habitent. Par ailleurs, une mise en lien avec des entreprises partenaires (EDF et groupe Adéquat) est organisée à l’issue du festival (rencontres entreprise, présentation métiers, job dating, offres de stages et autres contrats de travail).

Les bénévoles suivent une formation de deux heures, voire plus, à leur mission. Le festival Lumière les accompagne sur le terrain pour veiller à leur bonne intégration et au bon déroulé de leurs missions, en lien avec les équipes du festival.

Le festival vise aussi à offrir une ouverture culturelle à ces bénévoles. Ils bénéficient d’une visite guidée du musée Lumière, d’un atelier en lien avec le cinéma et de séances de cinéma préparées.

En 2019, presque 150 personnes, dont 20 venues de Clermont Ferrand et du Puy-de-Dôme ont participé à l’action !

En 2020, de nombreuses associations et leurs membres s’engagent pour participer à l’organisation et au déroulement du festival mobilisant différents publics :

  • Personnes réfugiées : Forum réfugiés Rhône et Clermont-Ferrand, Singa, Passerelles Buissonnières, Ifra, Côté Projets, Langues comme une
  • MNA : foyers Matter
  • Personnes placées sous main de justice : Programme Devenirs
  • ASE : sauvegarde de l’enfance
  • Jeunes adultes (18-25 ans) en ruptures : l’Epide
  • Personnes en situation de handicap psychique : Clubhouse Lyon
  • Tout public (demandeurs d’emploi, jeunes, adultes…) : Ifra Cultur’ailes, Pôle Emploi, Mission Locale (via la maison Lyon pour l’emploi)

LUMIERE 2020 – LA CHAIR ET LE DIABLE

Visite au cinéma muet avec, au programme, deux ciné-concerts au sein de l’Auditorium de Lyon : La Chair et le Diable de Clarence Brown, début de la fructueuse collaboration entre le cinéaste et la divine Greta Garbo, accompagné par l’Orchestre national de Lyon sous la direction de Timothy Brock, sur une musique de Carl Davis, et La Femme et le pantin de Jacques de Baroncelli, accompagné à l’orgue par Paul Goussot.

LA CHAIR ET LA DIABLE – 1926 – FLESH AND THE DEVILDE

Elèves-officiers, Leo von Harden (John Gilbert) et Ulrich von Eltz (Lars Hanson) sont amis depuis l’enfance. Lorsqu’il rencontre Felicitas (Greta Garbo), Leo succombe immédiatement à sa beauté renversante.

Naît alors une folle passion entre les deux amants, qui un soir sont surpris par le mari de Felicitas. Le duel est inévitable, le mari meurt et Leo est envoyé pour cinq ans en Afrique. Ulrich doit veiller sur la veuve pendant l’absence de son ami…

« Greta Garbo avait quelque chose que personne n’avait jamais eue à l’écran. Personne. Je ne sais pas si elle était consciente qu’elle l’avait, mais elle l’avait. […] Pour moi, Garbo commence là où tous les autres s’arrêtent. » (Clarence Brown, cité par Kevin Brownlow, La parade est passée, Actes Sud / Institut Lumière)

La Chair et le Diable est un tournant. Premier film de Clarence Brown pour la MGM, au sein de laquelle il restera plus de vingt ans, mais aussi premier des sept films qu’il tournera avec Greta Garbo, récemment arrivée d’Europe. Et sans doute, le film qui la confirme en tant que star.

Clarence Brown offre ici à celle que l’on nommera bientôt « La Divine » un superbe écrin. L’image et la lumière (la scène de la cigarette éclairée à l’ampoule cachée) participent d’une parfaite beauté plastique, le montage subtil exalte le tempo des mouvements, les gros plans et les détails disent l’action à la place des cartons (le liseré noir sur le mouchoir annonçant le deuil…).

Dans ce tragique triangle amoureux, Greta Garbo joue a égalité avec les hommes, inversant parfois les rôles et dominant le jeu de séduction.

Clarence Brown ignore la censure, tournant des scènes à l’érotisme chargé de symboles, d’une audace troublante pour l’époque : dans une église, Garbo tourne le calice tendu par le prêtre pour y boire du côté touché par les lèvres de Gilbert ; la scène où, lovés l’un contre l’autre, les deux amants, sur le point de s’embrasser, partagent une cigarette…1h52, noir et blanc, format 1.33

Réalisation Clarence Brown

Scénario Benjamin Glazer, d’après le roman « L’indestructible passé de Hermann Sudermann »

Photo William Daniels / Montage Lloyd Nosler / Décors Fredric Hope, Cedric Gibbons / Production M.G.M

Interprètes John Gilbert (Leo von Harden), Greta Garbo (Felicitas), Lars Hanson (Ulrich von Eltz), Barbara Kent (Hertha), William Orlamond (l’oncle Kutowski), George Fawcett (le pasteur Voss), Eugnie Besserer (la mère de Leo), Marc MacDermott (Count von Rhaden), Marcelle Corday (Minna)

Sortie aux Etats-Unis 25 décembre 1926 / Sortie en France novembre 1928 / En partenariat avec Warner Bros

FESTIVAL LUMIERE 2019 – Séance de clôture

Saïgon, pendant la guerre du Viêt-nam. Le capitaine Willard (Martin Sheen) se voit confier une mission par l’état-major américain : retrouver et éliminer le colonel Kurtz (Marlon Brando). Willard, à bord d’une vedette, remonte la rivière qui le sépare de Kurtz, traversant la jungle et l’horreur des combats…

Apocalypse Now n’était pas un film sur le Viêt-nam ; c’était le Viêt-nam…

Apocalypse Now Final Cut États-Unis, 1979, 3h02. Réalisation : Francis Ford Coppola. Musique : Carmine Coppola, Francis Ford Coppola, The Doors, The Rolling Stones, Robert Duvall….

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